LES AUTRES…

People walking on a crosswalk seen by the sky

By  Salomé Béresse; double published in the BEE3 Magazine

Il est une heure du matin à l’instant où j’écris ces mots. La longue avenue qui me loge a cessé de chanter, et je me bats dans un désordre indescriptible, contre pullovers et pantalons, envahissant ma bulle de pensées. Je peux voir de mon siège, entre les draps, chaussettes et feuilles de cours, la nouvelle robe que je me suis achetée l’autre jour, profitant avec une amie des quelques degrés que Bruxelles put nous offrir en ce mois d’octobre. Cette robe fut un vrai coup de foudre. Longue, tâchée de roses bleues et violettes, décorée de dentelle mauve, un charme qui ne me rendit pas indifférente. Aussitôt j’étais entrée dans la boutique, aussitôt j’en ressortais, ma trouvaille bohème sous le bras.

Je pense la porter avec des bottes militaires et de beaux bats. Malgré la météo actuelle, je suis déterminée à trouver un moyen de porter ce bijou. Rien qu’à la regarder, l’envie me vient de suite de l’enfiler…

Je ne pourrai jamais assez le dire, mais J’ADORE cette robe. J’en viendrai probablement vêtue lundi à l’école. J’espère réellement que les autres l’apprécieront aussi. Elle me met en valeur après tout, et autrui devra le reconnaitre. Il le faut. Cela me permettra d’avoir la certitude d’avoir bien choisi habit pour moi. En plus, je ne peux voir que mon reflet, et les autres m’aideront avec leur vision d’analystes à valider cet achat. J’espère que je ne serai pas ridicule, ce type de robe est porté par des grandes, à la taille fine généralement. Aura-t-elle le même effet sur moi ? Rien qu’en écrivant ces pensées, j’ai une boule au ventre. Peut-être serait-il plus sage de rester dans le classique, et de porter un pull et un pantalon, comme à mon habitue.

Les autres, les auTRES, LES AUTRES. Nous n’avons que ce mot-là à la bouche lorsqu’il nous vient de sortir et d’accomplir ce qu’à la maison nous aurions fait sans aucun mal. Que ce soient extraverties, introverties, timides, bêtes de scène, clowns, ou n’importe qui d’autre, TOUT le monde accorde une importance au regard des autres. Seule son intensité varie de l’un à l’autre. De la femme à l’homme, du jeune au vieux, du danseur à la boxeuse, peu importe. Il s’agit d’un mécanisme psychologique naturel et universel. Ce pourquoi, c’est avec la plus grande joie et excitation, sûrement dues au manque de sommeil que j’accumule, que je vous emmène vers une vision moins étouffante du quotidien dans la populas.

Tout d’abord, comme le dit David Lynch “Le monde est comme vous êtes.” Ce que notre cinéaste cherche à nous dire, c’est que ce jugement dont on croit être accablé par la foule, n’est autre que le nôtre. Il s’agit d’une projection de notre subconscient qui parlerait mais seulement pour nous emmerder. La source de ce stress ne se trouve donc point dans le public, mais dans l’orateur que nous incarnons. Il faut alors passer une bonne heure devant le miroir à se regarder dans les yeux, à travers les reflets de notre âme, à découvrir cette personne qui tarde encore à sortir en public. Comme le dit Sartre “L’enfer c’est les autres” et les autres représentent les miroirs déformants de nous-mêmes.

Deuxièmement, portez-vous de manière courante un commentaire sur chaque individu que vous croisez dans votre journée ? Non, évidemment. Vous n’en avez pas le temps. Eh bien, figurez-vous que vous n’êtes pas le seul. Les gens sont bien trop occupés à prévoir leur journée à l’avance, à rattraper leur nuit blanche dans le tram, ou à réfléchir à l’image qu’ils donnent, pendant que nous, nous craignons tant les choses qu’ils doivent se dire en nous voyant. C’est alors assez narcissique de penser que sa propre présence a un impact sur le lieu où l’on pose pieds. Tant mieux ! Cela veut dire que le chemin vers une philosophie, où l’image importe peu, est déjà à moitié fait, puisqu’on a conscience de notre valeur.

Pour finir, admettons que nous nous fassions juger. Un membre de votre cercle social, vient vous avouer qu’il n’apprécie point votre voix. Il la trouve trop éraillée, nasale ou que sais-je encore. Certes c’est triste, mais les goûts et les couleurs, ça se discute. L’humain est bien trop complexe pour plaire à tout le monde. Vous lui sourirez alors, avant de lui chanter la plus belle des chansons.

Pour conclure, j’ai envie de dire, que si les autres doivent penser quelque chose de vous, autant leur montrer qui vous êtes, lorsque enfermés dans votre chambre vous dansez sur vos musiques préférées.